1 septembre 2022

Biologie médicale - Vincent Delatour élu président de l’EMN TraceLabMed

Créé en 2018, l’European Metrology Network (EMN) TraceLabMed, un des réseaux de l’association EURAMET, réunit une douzaine de laboratoires en Europe intéressés par la thématique de la traçabilité des résultats d’analyses de biologie médicales. Vincent Delatour, Directeur de recherche en bioanalyse au LNE, vient d’en être élu président. Nous l’avons interrogé pour en savoir plus sur l’EMN et ses objectifs.

Vincent Delatour élu président de l'ENM TraceLabMed

Vincent, félicitations pour cette élection. Pouvez-vous nous dire ce que celle-ci représente pour vous ?

C’est un grand honneur car, même si j’occupais déjà la fonction de vice-président de l’EMN jusque-là, c’est une reconnaissance de mon travail ainsi que de ma contribution au sein du réseau. C’est aussi, à travers moi, la reconnaissance du travail effectuée au LNE depuis des années en biologie médicale.

Pouvez-vous nous présenter l’EMN TraceLabMed ?

Tout d’abord les EMN sont des réseaux créés par EURAMET, l’association européenne des laboratoires nationaux de métrologie, au sein desquels plusieurs laboratoires se structurent sur une thématique précise. Dans le cas présent, la traçabilité des analyses de biologie médicale. L’objectif de ce réseau est fédérer les laboratoires nationaux européens, qui travaillent déjà activement sur cette thématique, afin d’organiser les sujets de recherche et de rationaliser les ressources pour répondre aux besoins des parties prenantes (laboratoires, institutions, industriels).

La traçabilité des analyses médicales sur lesquelles porte l’EMN est importante ?

Elle est primordiale. Les tests de laboratoire sont au cœur des soins de santé modernes : on estime que 70% des décisions médicales dépendent des diagnostics in vitro (DIV). Et c’est la traçabilité métrologique qui permet aujourd’hui de proposer des résultats d’analyses fiables et comparables, indépendamment du laboratoire, du fournisseur de DIV ou de l'instrumentation utilisée. Au sein des laboratoires européens, comme le LNE, nous travaillons sur le développement d’étalons et de matériaux de référence pour certains des principaux biomarqueurs analysés dans les laboratoires de biologie médicale et dans les hôpitaux afin de dispose de résultats d’analyses toujours plus fiables. Ce sont ces travaux que l’EMN a pour vocation d’organiser et de structurer.

En tant que président, quelles vont être vos priorités ?

Dans un premier temps nous allons finaliser une grande consultation des parties prenantes afin de comprendre leurs besoins et de commencer à structurer les recherches des laboratoires pour y répondre. Il est indispensable que nous disposions d’une cartographie de qui fait quoi afin que chacun soit au courant de ce que fait l’autre si on veut pouvoir travailler ensemble. A la suite de cette consultation, il nous faudra définir des têtes de pont pour certaines thématiques. C’est-à-dire orienter tel laboratoire sur telle recherche afin de couvrir l’ensemble des besoins, qui sont considérables. Cela reste compliqué car les laboratoires travaillent le plus souvent sur des financements nationaux. On ne peut donc rien imposer. Il y a donc encore du travail pour atteindre un consensus car chacun des laboratoires reste attaché à son indépendance. Mais c’est tout l’enjeu des EMN : structurer et rationnaliser les activités de recherche à un niveau européen. Ensuite vient la question du financement qui constitue un autre grand objectif de l’EMN : l’autosuffisance financière.

L’EMN n’est pas financé ?

A l’heure actuelle, le lancement de l’EMN n’est que financé très modestement par le JNP (joint network project) 18NET02, qui ne permet pas de réaliser des activités techniques très poussées. L’EMN fonctionne via des financements des Instituts nationaux de métrologie et il est clair qu’il nous faut trouver des financements et que, à terme, nous arrivions à générer des revenus. Ce qui n’est pas évident dans le domaine des DIV car, même s’ils y sont obligés, les fabricants ne parviennent pas toujours à raccorder les résultats de mesure à des matériaux de référence certifiés ou des méthodes de référence. Cela va être un de nos principaux objectifs à venir : parvenir à changer cet état de fait en rendant accessibles et pertinentes nos solutions métrologiques aux industriels. Il nous faudra, pour cela, être à l’écoute des besoins de toutes les parties prenantes : laboratoires, institutions et industriels.

EMN TraceLabMed